Élévation de l'âme

-IX- Présentation tardive

Il n’est jamais trop tard pour se présenter. Se dévoiler en surface. Je n’irai pas jusqu’à me définir, me donner de pseudos caractères ou dire mon parfum de glace préféré. J’ai appris à me connaître en arrêtant de me poser ce genre de questions. J’habite dans un archipel. Si on peut se faire une idée paradisiaque de ces îles, vivre ici n’est pas moins pénible que vivre ailleurs. J’ai seize ans. C’est fou comme le temps passe si vite. Je n’ai pas d’amis. Je ne parle de pas de gens à qui on textote de temps en temps ni des camarades d’écoles. Je parle d’un vrai ami, qui vous apprécie tel que vous êtes, avec qui vous essayez de passer la majeur parti de votre temps libre, quelqu’un qui prend plaisir à vous écouter. Je me suis toujours sentie seule. A l’écart. Je suis fille unique. Mes frères me mènent la vie dure. D’ailleurs je n’adresse plus la parole à certains d’entre eux. Durant mon enfance j’ai voulu avoir une petite sœur. Quelqu’un avec qui je pourrais m’amuser, pour ne plus m’ennuyer ou pour qu’on s’ennuie toutes les deux. Qu’on parle de truc de filles, qu’on s’entraide. C’est sûrement pour ça que j’ai toujours voulu être proche de ma mère. Les deux seuls sexes féminins de la maison. Je lui ai toujours témoigné mon affection. Je lui ai dit que je l’aimais. J’ai encore ce souvenir douloureux où je lui demandait si elle m’aimait et qu’elle me répondait par cette question :  « Quels parents n’aiment pas leur enfant ?  » Ce que j’ai pris pour un non. Elle ne me l’a jamais dit. Et j’ai l’impression d’être un objet pour elle. Elle n’est là que quand elle a besoin de moi. Elle ne s’intéresse pas à ce que je fais, qui je suis. Elle tire profit de mes réussites comme si c’était les siennes. Elle ne m’a jamais soutenu. Elle me critique sans cesse. C’est pour ça que j’ai tant été en colère. Que j’ai voulu en finir. Pour voir si ma mort les toucherait, ne serai-ce qu’un peu. Je me sentais mal, abandonnée, invisible. D’un autre côté, je me sentais constamment jugée par les autres, mes camarades, je me voyais moche car je le lisais dans les yeux de tous, on se moquait de moi et je pleurais sans que personne ne vienne essuyer mes larmes.
Mais c’est finit. J’ai pris confiance en moi. Et je suis prête à avoir des amis...
Toute la douleur, toute la solitude que j’ai pu ressentir, j’essaye de l’oublier en écrivant. Oui, l’écriture. Je ne sais pas à quelle âge j’ai commencé à écrire, mais je l’ai fait pour passer le temps, combler un vide. Je l’ai caractérisé de « passion ». Maintenant, j’ai l’impression d’écrire de façon fragmentée. Je trouve mes écrits pas terribles et j’ai toujours envie de les changer, améliorer. Je veux retrouver le plaisir d’écrire. Il faut sûrement que je me donne du temps.
Un jour je suis tombée sur ce site en tapant journal intime sur Google. J’avais longtemps testé les journaux intimes sur papiers mais je ne pouvais pas m’exprimer comme je le voulais et j’avais peur qu’on découvre mes écrits. De plus, il faut savoir que j’ai une écriture détestable. Une écriture de médecin, en vagues. J’ai créé plusieurs journaux avant et après celui-ci. Mais c’est sûrement le seul que je garderai. Même si ce n’est que moi qui lis et relis. D’ailleurs je me demande si j’ai des lecteurs, si il y a des personnes autres que moi, qui lisent mes écrits. Je ne voulais pas savoir mais là j’en ai besoin. J’ai besoin de sentir une présence.