-I-
Subitement je me suis mise à l’imaginer sur le papier froissé. Je me suis demandée s’il était père puis je me suis rappelée qu’il ne l’était pas. Alors pourquoi était-il parti si vite lors de ma visite ? Non ce n’est pas possible… Et même si ça l’était quelle importance cela aurait-il ? Il me manque, sans raison aucune. C’est étrange et déroutant… Pourtant ce n’est qu’illusoire mais si bon de le croire. J’ai envie de me raccrocher à quelque chose, à quelqu’un. Au fond, ce sera lui à jamais mon premier amour. Atypique. Pourquoi n’a-t-il pas oser me parler ? Pourquoi ? Est-ce si dur que ça de briser les rêves d’une adolescente ? Sûrement. Je le comprends… et pourtant j’ai envie de le secouer. C’est trop tard maintenant ? L’avenir nous le dira. Tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir. Si seulement sa femme savait… Ils doivent bien rire tous les deux. Surtout cette conne de prof d’histoire géographie. Merde. Je sais où je peux le trouver mais je ne peux l’approcher. Quel humain peut supporter ça ? C’est comme d’être privé de sa liberté, si on appelle ça comme ça...C’est la première fois que je ne réfléchis pas en écrivant, du moins phrase par phrase. Grâce à lui. Ma muse. A-t-il la moindre idée de ce que je peux ressentir ? Non. Imaginons qu’il dorme en ce moment, ou qu’il corrige des copies, ou qu’il discute avec elle je ne sais quoi encore… Il ne pense pas à moi pas plus qu’à une autre. S’il le fait, il sourit bêtement, de son sourire si caractéristique. Ensuite il se rassure, il se dit que tout va pour le mieux. Que le silence a été la meilleure option. Que je l’ai déjà oublié. Oublié ? J’ai comme des flashs, des flashs où je revois son visage, une image floutée, mais lui quand même. Je ne lui ai jamais dit au revoir même si j’ai essayé. Comment peut-on dire au revoir à quelqu’un qui n’ose pas vous parler ? Je déteste ce genre de personne alors que j’en suis une. Nous sommes pareils. Ce besoin de plaisanter pour masquer son stresse. Mais pourquoi je me torture comme ça ? J’en ai besoin. Il ne m’a jamais vu comme quelqu’un d’exceptionnel, quelqu’un qui comptait pour lui. Il s’est contenté de faire comme les autres : profiter de moi. Et lorsque je lui ai dévoilé mes vrais sentiments il a agit en conséquences : il m’a ignoré, comme si je n’étais rien pour lui. Invisible suis-je. Bien que je fasse tout pour être l’inverse. Je n’y parviens et je l’accepte. Oui, je commence à l’accepter. J’ai revue d’ancienne photo de moi. Je suis mal dans ma peau. Toujours. Un peu moins. Mais quelque chose a changé. Je grandis. Je deviens le fruit de mes expériences. J’ai envie de retourné en arrière.Vivre encore ces instants sans les changer. Il y a dans leur imperfection de l’harmonie. De la vie. Elle suit son cours naturellement. Je ne peux plus espérer être cette petite fille. Je dois grandir et m’affirmer. Sans lui. Sans eux. Au contraire je dois leur montrer. Viendra ce jour alors où nous nous reverrons, où je m’approcherai de lui et où je serai franche avec lui. Car le passé finit toujours par nous rattraper.